Le Baou de Saint-Jeannet en second, que m’a offert Jacques pour mon anniversaire devait être un aboutissement, la fin de mon parcours initiatique d’escalade.
Mais comment s’arrêter là, quand on a connu « l’ivresse des grandes voies » !!
En fait, suivre en second un grimpeur expérimenté, dans une cotation que l’on passe en premier, c’est « techniquement » plutôt facile. Il faut juste être endurant, gérer le supplément de stress dû au vide, et surtout ne pas « bourriner » inutilement, pour en garder toujours « sous le pied » en cas de problème.
Car c’est l’engagement qui crée la difficulté. Il est presque impossible de redescendre La Dominante en rappel. Il faut sortir impérativement sur le plateau sommital, (ou sur les ressauts médians pour les autres voies de 100m), et redescendre par les sentiers.
On a donc remis ça, avec Jacques : La spectaculaire et facile Arête Sud, l’Etrier plus aérien.
Une (peut-être !) dernière Dominante, 2 jours avant l’opération de la main… au cas où !!! Avec un seul bras, une chute (Bouhhh !), une remontée à la poignée, seule, en 5 secondes… car on n'a pas envie de pendouiller trop longtemps là-dedans !
La plus adrénalisante et inoubliable Super Malet, avec ses passages surplombs en 6, loin au-dessus d’un Grannnd Vide !!!
Mais tout passe bien avec un Premier de Cordée qui assure et rassure !
A deux, on est toujours occupé à grimper ou à assurer ; pas le temps de penser ou de regarder en bas ! On essaie aussi des grandes voies en Corse, où il y a vraiment de quoi faire !
Puis je commence à rêver de faire quelques longueurs en tête, les plus faciles, en alterné avec un Premier expérimenté qui me sortira de tout problème. C’est le stade suivant normal.
Mais les « Bons » cherchent plutôt des « meilleurs » pour progresser eux aussi… Normal !
Le temps passe … l’envie reste…et un jour, Christophe et moi, qui n’avons JAMAIS fait un Baou en tête, ni même en alterné, et qui avons le même niveau ( !) nous lançons dans l’Arête Sud en alterné. Un froid terrible qui gèle les doigts, mais les 100m de voie sont déjà finis… et ça ne me suffit plus, car j’ai été médiocre, souvent en second, et j’ai mal géré le stress des longs moments où je ne sais pas ce que fait mon partenaire et où il est, sous un orage qui menace. Cette frustration me donne surtout l’envie de recommencer, en mieux !
Bon ! c’est vrai ! Je suis juste une petite nana avec pas mal d’heures de vol ( !) aucun style et peu de technique. Mais, je m’en sors souvent grâce au mental, et une sorte d’instinct.
Mon maître de Ju-Jitsu disait « C’est dans la tête que ça se passe !!» C’est particulièrement vrai quand on n’a ni force, ni puissance, et peu de technique, comme moi.
N’importe quel jeune sportif de 25-30 ans peut sortir une 6a en moulinette en quelques séances, voire dès la 1ère. Moi, il me faut bien REGARDER, placer mes pieds, réfléchir, me concentrer, rester calme, et m’investir vraiment.
Bon ! On Y retourne !!! et avec l’ambition de le faire vraiment BIEN !
Peu de photos quand « c’est chaud ! ».
Les deux traversées de La Dominante sont célèbres. Bien sûr, il y a des prises de pied et de main… mais avec 100 ou 200m sous les fesses… c’est PAS PAREIL !! Il ne faut pas tomber, car le pendulage entre 2 points horizontaux est important, dangereux et stressant. Pas si simple de remonter sans poignée à portée de main.
Les faire en tête, c’est l’adrénaline pure. Il faut placer les pieds et les mains dans ces petites rainures, et « glisser » jusqu’au bout… et ça recommence après l’arbre… J’étais comme « au-dessus de moi », un geste après l’autre… Nous avons alterné systématiquement aux 13 relais, et enchaîné à un bon rythme et avec du plaisir tout le long des 200m. Quel bonheur ! Quel fierté ! Il y a des journées qui vous changent à jamais, dit-on !
Tant qu’on trouve un Premier plus fort que nous pour passer les difficultés et nous rassurer, c’est parfait et confortable d’être second. Mais on ne saura jamais dans ce cas, ce dont on est vraiment capable.
Cette année, mon ambition sera la grande voie en alterné.
J'ai mon topo sur toute la Provence... et j'y pense, j'y pense ....